Il est l'un des grands artisans de la renommée musicale internationale du Mali parce que beaucoup des stars sont passées par son école. Massambou Wélé Diallo est un véritable maestro qui brille aussi bien par son talent que sa discrétion. Profil d'un monument de la musique malienne.
"J'ai très tôt été épris de la musique. Depuis le collège, j'ai commencé à jouer au pipeau et à l'harmonica", explique Massambou. Rien qu'en parlant de sa carrière, on sent toute la passion de cet ingénieux compositeur et rigoureux formateur pour la musique, l'art et la culture en général.
Des qualités qui lui ont ouvert les portes des formations légendaires comme les "Pionniers Jazz" de Niaréla, le "Mélingo Jazz", le "Super Mono Band" (Bougouni), le "Kéné Star" (Sikasso) et le "Ciwaara Band" (Kati). Entre temps, il intègre l'Institut National des Arts (INA) comme professeur de musique. Ce qui lui donne l'opportunité de doter cet établissement d'un orchestre de filles et d'une formation mixte.
En 1980, le talent de Massambou Wélé Diallo est récompensé par une bourse d'études à Cuba où il effectue des études supérieures en musiques. De retour avec sa licence, il retourne à l'INA comme chef du Comité pédagogique de musique. Et en 1987, il est choisi par la Direction nationale des arts et de la culture (DNAC) comme directeur technique de l'Ensemble instrumental national du Mali.
"Le directeur artistique est chargé de la composition du répertoire et de l'arrangement des chansons. Il est le responsable musical de l'ensemble", explique le maestro qui assume cette tâche avec une grande réussite connue de tous. En dehors de l'Ensemble instrumental national, Massambou ne chôme pas. Il est toujours débordé par des demandes d'encadrement et d'arrangement des jeunes artistes.
En fait, Massambou est l'un des grands artisans de l'actuelle notoriété internationale de la musique malienne parce que des vedettes comme Kandia Kouyaté, Oumou Sangaré, Habib Koité, Wandé Kouyaté, Rokia Traoré, Hadja Soumano, Oumou Soumaré, Nabintou Diakité... sont passées par ses mains. Elles lui doivent une grande partie de leur succès.
Compositeur à l'inspiration féconde d'originalité et arrangeur de génie, on lui doit des compositions à succès comme "Musolow" (Ensemble instrumental national), "Solonba" (Super Mono Band) et "Numuya kulumba" (Ciwaara Band). Massambou Wélé est également très convoité par les réalisateurs et les metteurs en scène des pièces de théâtre et des films comme SIGIDA de Salif Traoré. Le maestro est conscient du progrès de la musique malienne. Mais, il a des craintes. "Il faut se méfier du laissez-aller de la télévision et des radios qui nous inondent, sans discernement, des chants et des pas de danse venus d'ailleurs. Ce qui fait que, de plus en plus, les Maliens, surtout les jeunes, accordent moins d'importance à notre culture", avertit-il.
Les artistes ont aussi leur part de responsabilité dans cette situation qui menace l'épanouissement artistique et culturel de notre pays dans son essence parce qu'ils tombent dans la facilité. L'observateur propose de "sensibiliser les uns et les autres dans le sens de la revalorisation de notre patrimoine artistique. Il est temps d'agir pour sauver notre culture. La musique malienne, quand elle est bien travaillée, n'a rien à envier aux autres parce qu'elle se chante bien et se danse sans problèmes".
Cette invasion étrangère n'est pas aujourd'hui la seule menace qui plane sur la musique voire toute la création au Mali. "La piraterie est un grand danger qui, s'il n'est pas rapidement circonscrit, risque de tuer l'art au Mali", prévient le directeur artistique. Il ajoute, "Lors des dernières journées de réflexion sur le fléau, nous avons des propositions concrètes comme la création d'une brigade spéciale de lutte contre la piraterie. Si elles sont réellement appliquées, les artistes pourront vivre de leur sueur. En Côte d'Ivoire, lorsqu'on vous surprend avec une cassette piratée, vous risquez non seulement la prison, mais vous aurez à payer pas moins d'un million de Francs CFA d'amende. La lutte contre la piraterie est un problème de respect, une question de sérieux et de sincérité dans l'engagement. Si des pays voisins comme la Côte d'Ivoire et le Burkina ont pu le circonscrire, le Mali doit aussi parvenir à le faire".
La quarantaine trébuchante, père de plusieurs enfants dont seul le benjamin développe un penchant pour la musique, le maestro se bat surtout pour les nouvelles générations qui doivent prendre le relais pour sauvegarder la notoriété internationale aujourd'hui acquise par la musique malienne. Une noble implication du père, du professeur, de l'arrangeur-compositeur et du patriote soucieux du bien-être des créateurs et de la bonne image ainsi que du développement artistique et culturel de sa patrie.
Extrait de l'article " Massambou Wélé Diallo, Directeur Artistique de l'Ensemble- Un discret maestro " de Mousa Bolly
Lien : http://www.mali-music.com/Cat/CatE/EnsembleInstrumental.htm#MWD
Massambou Wéré Diallo est aujourd'hui professeur au conservatoire national des arts et métiers multimédia.