Informations fournies par l'artiste ou son représentant :
Gabriel Haipam est un étudiant et poète camerounais. Il est né en 1979 à Guiseye-Ardaf, petite localité de l'extrême nord du pays. Il est actuellement à l'université de Douala où il suit les cours de français et d'études francophones. L'univers des vers est son premier recueil de poèmes ; il est également l'auteur de Si la parole ne meurt... Elle demeure solitaire.C'est un véritable écrivain qui retrace avec une verve qu'on lui reconnait volontier l'itinéraire de l'Afrique en panne ou qui se cherche à travers les voûtes de l'affropessimisme.Il prône une renaissance africaine qui s'appuie sur ses femmes et hommes en général et sur sa jeunesse en particulier,une écriture qui trouve sa fibre et son délire dans un surréalisme très contemporain.Pour lui 'Chaque plume a son encolure sa chevelure sa raison d'être...Chaque plume est plume à coté des autres plumes'.
Voiçi un extrait qui présente un peu l'engagement de l'auteur:
RENAISSANCE AFRICAINE
Pour qui sont ces écriteaux
Qui surplombent ma silhouette ?
Devant ces vaines oraisons
De ma nation
Au salut absent des prétéritions
Le sang des mandariniers
Et les obus des tamariniers
Font mimique et illogique
Sous les couleurs lithographiques
Des femmes en ce vingt et unième siècle naissant
Haïssant jusqu'à la tunique souillée
Le nom précieux de dame
Pour ce surnom de demoiselle
A profusion sans cesse renouvelé
Pour ce regain d'honneur
Des anaphores des litotes
Pour qui sont ces écriteaux
Qui surplombent ma silhouette ?
Association des ? ! Association des ? ! Case sociale de ? !
Famille de ? ! Tribu des ? ! Région de ? !
Ces noms qui jettent le discrédit
Sur l'humanité humanitaire
Qui divisent plus qu'ils n'unissent
A la banderole de la paix
Qui orchestrent la guerre
Au valeureux trésor du travail
Qui contaminent les métaphores
A la sempiternelle litanie de la patrie
Paix ! Travail ! Patrie !
C'est la devise des hommes intègres
Oh ! Il est temps de tempêter
Contre ces hérésies des parenthèses
Il est temps de rouspéter
De vocabulariser
De grammaticaliser
De styliser
Repousser au loin la calebasse
Des sectes anodines et pernicieuses
Jeter les bases d'une nouvelle humanité
En quête de savoir et de devoir
Pour la survie de la vie à l'obvie
Des contrées coreligionnaires
En dehors des cordages
Des coquelicots des coqs
Du débarcadère des débardeurs
Le débat est indispensable.
Décalaminons Déracinons ces racines des divisions
Ces écriteaux du déshonneur
Font barrage aux lagunes de l'unité
Ces écriteaux de la honte déboussolent
La boussole du navigateur du touriste
L'Afrique ne doit plus être
Un clan d'associations
De divisions et de compromissions
Un repère d'animaux féroces
Une voirie infecte
Une poudrière un cimetière
Une scélératesse sépulcrale
Pour ses vaillants
Et tristement célèbres
Fidèles enfants soldats
La voix pacifique de l'Afrique doit s'élever
Au rempart des aigles des étoiles
Qui ne se délectent
Que de la nourriture fraîche
Du temps du soir
O mon beau pays
Que j'aime
Que je chéri
Et que je chante !
Pourquoi tant de sorcellerie
Sous la paupière de nos prodiges ?
Pourquoi tant d'escroquerie
Sous la prière de nos vestiges ?
Pourquoi tant de sauvagerie
Sous le repère de nos plumages ?
Rachetons le temps
Avant qu'il ne soit trop tard
Pourquoi tant de gansters de fraudeurs
Des coupeurs de routes
Sur le janvier de nos conglomérats
Sur les hébétudes des poisons
Semant tant d'insomnies
Aux banques de nos trésors !
Que c'est lancinant la vie
En ce monde de maudit trépassement
De pourris avortement
De proscrit enchantement
Que c'est lancinant
Le sort en cette terre glaise
De bouffonnerie bouchonne rie
Bouquinerie boucherie humaine
Pourquoi tant de barbarie
Sous les feux du ciel ?
Pourquoi les disputes et la guerre et ces escadrons de la mort ?
Pour qui ces vaines redites
Au cordage de l'amour de l'égalité ?
Pour qui sont ces verres
Et ces charters sanguinolents des ismes ?
Et ces clairons et ces trompettes et ces sentinelles épiques ?
Pour qui sont ces enveloppes à demie tailladées ?
Le bonheur des anacoluthes s'estompent
A la croisée des ferrailles
De la gare ferroviaire de Bessengué
Questionnant les passagers des trains
A largeur des villages d'Arki
Quels avantages ont le train sur les autres modes de transport ?
Les passagers de l'aviation internationale de Douala
Des hublots éberlués
Sont hébétés
Par cette interrogation lancinante.
Tandis que les intermittents du spectacle
Font leur entrée
Polissonnées par les frictions
Des microphones du palais
De l'hémicycle des députés
De la nation yaoundéenne
Tandis que les otages
brandissent leurs billets de réception
De la soirée dansante
Et gastronomique de l'hôtel Mont Fébé
Il pleut sur les bananiers
tandis que les bâtons de manioc
Pourrissent à Belabo
Tandis que les bâtons de Bangana
Dégourdissent les gestes drus
Des lutteurs et des danseurs
O Tamtam Balafon Mvêt
Reproduisez les voix vibrantes
Tremblez sous les bras
Vrombissez sous le tumulte
Du griot danseur
Que vos voies agrémentent
Les chansons phénoménales de chez nous
O trésor de nos aïeux !
O toi notre trésor !
Que ces écriteaux disparaissent rachitiques
Pour que la vie soit vécue avec envie et passion
Que ces écriteaux disparaissent rachitiques
Pour que l'ordre règne dans le camp
O Poètes ! Dégainez vos armes !
Tirez sur tout ce qui bouge !
Soyez baptisés dans les eaux rouges
De vos frères de vos s?urs
De vos mères et de vos pères lézardés
Faites renaître
L 'espoir qui gît comme une libellule
Faites taire les rancunes
Et les ranc?urs.
Abolissez-les
Bon labeur !
Mes s?urs et mes frères unis !
Malgré les griffons de Satan le diable
Qui ne veut nullement notre bien
Renaissance africaine oblige.
Extrait de L'univers des vers,Editions le Manuscrit
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